En ce chaud dimanche d’octobre, je m’accorde une pause café dehors, au soleil. Cela me fait un bien fou. Pas de livre, pas de portable, juste mon café, le soleil, et les bruits environnants, chants d’oiseaux, cris d’enfants. La spirale de sur-activité dans laquelle je suis prise depuis 2 mois est suspendue, et dans le calme qui suit, je note que “prendre un café au soleil sans rien faire d’autre” me ressource. Pourquoi me semble-t-il redécouvrir cette banalité ? Qu’est-ce qui rend ce moment si appréciable, aujourd’hui ?

Je me souviens d’un entretien de coaching avec S., cadre dans une ONG. Submergée dans son travail par la surcharge et les responsabilités, elle était arrivée fatiguée et nerveuse, tournant en rond dans les problématiques auxquelles elle se confrontait. Je lui ai proposé de prendre un temps pour explorer les ressources cachées dans son quotidien et qu’elle pourrait mobiliser pour rééquilibrer son énergie.

Qu’est-ce qui me ressource?

Le terme de “ressources” mérite d’être éclairci. S. pense d’abord aux ressources “outils”, celles qui, telles les compétences, les habiletés, les personnes référentes etc…, permettent d’atteindre un objectif.

Les ressources dont je parle sont plutôt celles qui permettent de renouveler son énergie aux endroits où elle se renforce.

fleurConnaissant le passé d’agronome de S., je lui propose de dessiner une fleur et de me dire ce dont cette plante a besoin pour s’épanouir. Soleil, terre, eau, nutriments… tout y est. Puis je l’invite à inscrire sur son dessin ce dont la fleur qu’elle est a besoin pour grandir et être bien dans son environnement. Elle commence alors son exploration, partant de généralités (la famille, les amis, le sport…) pour petit à petit affiner sa connaissance des “nutriments” qui l’alimentent. Elle relie les activités qui lui procurent du bien-être (nager, ne rien faire, sortir avec  des amis, lire, dormir) aux besoins que ces activités comblent: besoin d’échanger, d’être stimulée, de se dépenser, de se reposer.

Comprendre ses besoins

“Comment reconnaître ce qui nous ressource? m’a demandé M., directrice d’une association, lors d’un autre coaching. Car là, je ne sais même plus…”

Lorsque l’équilibre est rompu, par une fatigue excessive par exemple, il peut devenir difficile d’identifier ses besoins. Ce d’autant plus que la fatigue peut “contaminer” des espaces de ressourcement: les repas en famille habituellement décontractés deviennent sources de tension; on s’endort au cinéma devant le film que l’on s’est obligé à aller voir pour “faire un break”…

Le ressenti que l’on a dans ces moments-là peut être une excellente clef de lecture. Si la tension s’invite dans des moments partagés avec des personnes chères, c’est peut-être que le besoin véritable est un besoin de solitude, ou de silence. Si l’on s’endort dans une activité de détente, c’est peut-être que la priorité est d’offrir à son corps du repos.

Veiller à un équilibre dynamique

Comme pour une plante, un excès dans l’apport d’une ressource peut nuire à notre équilibre écologique personnel. Une plante a besoin d’eau mais trop d’eau peut l’empêcher de pousser. De même, des échanges sociaux peuvent être importants pour une personne mais un excès engendrera plus de fatigue que de bien-être. Une autre personne va tendre à s’isoler pour se reposer car elle se sent fatiguée, mais si cela dure trop longtemps, une autre fatigue peut s’installer, celle de l’ennui.Cerf-volant

Chacun dispose d’un équilibre “écologique” qui lui est propre, et cet équilibre est dynamique: il varie en fonction de la saison, de son état émotionnel, de ses expériences de vie… Ce qui me ressource aujourd’hui sera peut-être en excès dans ma vie demain, et il me faudra compenser cet excès.

Bien connaître ses ressources, et disposer d’un panel le plus large possible de situations permettant de les mobiliser, favorise l’agilité avec laquelle on va jongler avec les fluctuations de l’environnement extérieur et intérieur.

S’autoriser à se ressourcer

La joie et l’apaisement sont quant à eux de puissants indicateurs pour identifier ce qui nous ressource. Si une activité déclenche l’une de ces émotions, elle répond certainement à un besoin du moment.

Au fil de l’exercice de la fleur, j’ai vu S. s’animer, se redresser, sourire. Penser et dessiner ces moments qui lui font du bien l’a visiblement reconnectée à cette richesse dont sa vie est pleine et à sa capacité d’y puiser ce dont elle a besoin.

Elle a ensuite le choix de satisfaire son besoin de ressourcement ou pas.

Il n’est pas toujours facile de s’octroyer une pause, même nécessaire; le contexte peut ne pas s’y prêter, ou bien peut émerger une certaine culpabilité à “prendre soin de soi”. Néanmoins, un déséquilibre engendre des répercussions sur tout l’environnement: la fatigue peut rendre moins disponible, moins à l’écoute, moins concentré. Se ressourcer c’est aussi se donner toutes les chances d’apporter le meilleur de soi-même dans ce qui compte vraiment.

Et parfois, la réponse à la question “qu’est-ce qui me ressourcerait le mieux, aujourd’hui?” est: rien. Le vide. On peut se ressourcer dans l’absence d’activité; encore faut-il s’y autoriser. En prenant un long café au soleil, par exemple.

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